Illustration bannière: Arthur de Pins.

lundi 19 juillet 2010

Mon père, c'est comme le Père Noël. Il n'existe que dans mes rêves. Même pas mal.

5 minutes / deux vies: il avait 33 ans, à peu près, ou un petit peu moins je crois. Presque l'âge que j'ai aujourd'hui.

Il a parlé de toute ces choses qu'on ne dit pas dans sa famille parce qu'on ne sait pas. Il n'a pas relevé que sa famille, c'était aussi moi.
Il a parlé de partir, de mon bien et du bonheur des autres. Pas du mien.

Mots rares au poids herculéen.
Il ne m'avait jamais rien dit, avant de me dire que j'étais obligée de partir. Je n'ai pas écouté la suite, qui parlait sans doute d'avocat, de ma mère et de lois. Je ne voulais pas entendre.

J'avais 13 ans et la force d'un Titan, pour ne pas trahir mon père.
Je n'avais que 13 ans, et au coeur l'injustice de n'être qu'un colosse d'argile.

Je sais sa pudeur et aussi qu'il s'est répété mille fois ces phrases avant d'oser les dire.
Il n'avait pas prévu l'émotion.
Alors je l'ai vu pleurer, surpris et silencieux. Il ne m'a pas regardé, otage de ses larmes. Il ne m'a même pas regardé.

Je ne veux garder de mon père que cette image.
Je sais qu'un jour il m'a dit qu'il m'aimait, dans son chagrin silencieux.
Je ne lui en veux plus de ses absences, je ne lui en veux plus de ne rien avoir partager avec moi, il ne savait pas.

Aujourd'hui, je ne veux garder de lui que l'héritage précieux d'un plastron qui me protège des larmes.
Aujourd'hui, je dois juste apprendre, comme lui l'a su ce jour-là, que le plastron doit se fendre.

Allez je vais me coucher, tiens.

2 commentaires:

Anna a dit…

Disons que je ne suis pas une référence.
Adieu

Aline a dit…

Ah tiens, toi aussi même pas/plus mal. C'est peut-être tous les pères pareil ? Non? Bon ok.
Et bonne nuit :)