Illustration bannière: Arthur de Pins.

mercredi 8 février 2012

Lettre à qui ne la lira pas.

Ca fait des nuits que ma vie est vide. 10 nuits.
J'ignore pourquoi tu es parti, et je ne comprends rien. Comme un fugitif qui se fait la malle.
Mais je vis.

En 11 jours, j'ai cru bien des fois mourir de douleur, d'incompréhension, de colère, de terreur, de solitude, j'ai cru me murer dans ma folie, mes souvenirs. Mais non, je vis.


Je me lève, et je vis.
Je vis rivée à mon téléphone, au cas où après tant de jours de silence, de mépris ou de peur, tu te souviennes de moi.
Je vis la peur au ventre que ce sentiment abominable de rejet ne me quitte plus.
Je vis en tremblant à chaque message, appel ou mail reçu, mais ce n'est jamais toi.
Je vis avec le frigo vide de tout ce que tu aimes, mais ce vide-là de toi fait bien plus mal.
Je vis en refusant de croire à cette lâcheté absurde qu'est de tout quitter sans un mot.
Je vis en tâchant de me persuader que tu es mort, ou que tu n'as jamais existé, parce que j'ai de toute façon l'impression d'avoir aimer un fantôme.
Je vis dans mes souvenirs, dans ma mémoire, dans nos habitudes.
Je vis en apnée, sans savoir pourquoi. Et l'espoir au ventre: peut-être reviendras-tu comme tu as disparu, sans prévenir.
Je vis en ayant l'impression d'être folle, en me disant que j'ai peut être rêvé.
Je vis en oubliant 20 secondes, puis tout revient de plein fouet. Amplifié 1000 fois par ce manque de nouvelles.
Je vis en espérant comprendre, mais ça n'arrivera sûrement jamais.
Puis je m'endors à ma place dans le lit, comme si tu allais rentrer bientôt, et je me réveille quand je suis en travers parce que ça te gênait.

Je vis avec la peur, l'abandon et la naissance de la peur de l'abandon en moi.

J'avance en dehors, pour ne pas inquiéter les autres, pour les rendre fiers de ma force, mais je me replie en dedans, parce que je ne te comprends pas.
Mais je vis quand même, sans savoir, sans comprendre, sans pardonner, sans oublier.
Je vis. Je mange, j'essaie. J'observe plus, je suis plus silencieuse qu'avant, je prends moins de places et je fais moins de bruit.
Jusqu'au jour où je poserais tout ce poids que tu représentes dans un coin, dans un petit coin qui prend moins de place, jusqu'à disparaître.
Parce que jamais je n'oublierais, jamais je ne pardonnerais ce sentiment d'effroi qui m'a saisi ce dimanche soir là, en découvrant nos 4 murs, choisis à deux, vide de toi.



L'espoir en réalité est le plus mauvais de tous les maux, parce qu'il prolonge les supplices de l'homme. 
Friedrich Nietzsche

10 commentaires:

Wxug a dit…

Bonsoir !
J'ai trouvé ta lettre ouverte magnifique et très touchante.
J'espère que tu trouveras vite la force de te sentir mieux, d'aller mieux.

Lucie a dit…

La citation me semble bien trop petite pour son importance...
Il n'y a malheureusement rien à comprendre dans son comportement. Imagines que tu as son explication, qu'est ce que ça changera ? pas le passé, et encore moins l'avenir. Alors pourquoi attendre ?

Olympe a dit…

Cette citation est bien vraie...
A ta place, je crois que je n'aurais pas réussi à continuer à habiter là, à rentrer chaque soir dans cet endroit et me retrouver face à sa lâcheté :(. Tu ne peux même pas faire semblant que tout ça n'est qu'un mauvais cauchemar quand chaque pas que tu fais te met face à son comportement...
Tu as beaucoup de courage (contrairement à lui)...

happylili a dit…

Déjà 10 jours, qui doivent te sembler des années... Je n'ai pas les bons mots, rien ne peut soulager ta douleur, simplement je te lis, et te serre contre mon coeur.

Claire-D a dit…

En lisant tes mots j'ai l'impression de me retrouver au même stade qu'il y a un an. 10 nuits qui semblent une éternité, on se demande combien de temps cela va durer, on se dit que l'on a assez souffert et ça dure, ça dure... Puis la douleur prend une plus grande importance encore... Pour ma part c'est ce qui est arrivé. Je n'ai pas réussi à remonter la pente avant des mois. En tout cas ça passe..

Et l'espoir, mise à part celui de la vie, je ne vois pas quel espoir peut-on avoir. J'ai eu raison d'espérer au final mais je ne sais pas... c'est encore un peu flou tout ça.

Je t'envoie des sourires et toujours plus du courage pour affronter tout ça.

La mère Minos a dit…

Tout cela me laisse sans voix. C'est une bien jolie lettre écrite à un odieux personnage. J'ai juste la présence d'esprit de te dire "courage." et "vengeaaaaaance !" Mais d'ici là, prend soin de toi, parce qu'il n'y a vraiment que ça qui importe.

Bavardages et Medisances a dit…

@ Wxug: merci.... la force est là, quelque part en moi...

@ Lily: tu as raison. Tu as souvent raison, dis donc!

@ Cathy: je n'ai pas, pour le moment, le choix de pouvoir habiter ailleurs. Alors j'ai mis des couleurs, et changer les meubles de place... (comme si ça allait suffir...)

@ happylili: sincèrement, merci. 10 jours, autant de nuits...

@ Claire-D: je ne laisse pas la souffrance prendre trop de place. Sinon je sais que je vais être submergée; et je ne veux pas ça. C'est trop

@ La mère Minos: merci bichon. Courage, oui, vengeance, non. De toute façon, je ne trouverais jamais rien d'aussi odieux à faire (je ne dis pas que je n'y ai pas pensé, hein!)...

J'ai hiberné quelques jours....
Merci à tous pour votre soutien et vos mots doux.

missbavarde a dit…

c'est vrai l'espoir est pire que tout je trouve !! beau texte :)

malacky a dit…

Chaque jours qui passe est une victoire sur le précédent.. ♥

Milya ♡ - lesbetisesdecandy a dit…

Je suis tombée sur cette lettre par hasard. Je ne peux pas vraiment dire que j'ai connu ça mais j'arrive à comprendre un peu. C'est horrible de se dire que l'autre est partie sans explication. Ca laisse un énorme vide surtout...
J'espère que depuis ça va mieux et que le vide s'est comblé un peu depuis le temps.
En tout cas, c'est une très belle lettre, très triste et ça m'a beaucoup touché!