Illustration bannière: Arthur de Pins.

jeudi 22 octobre 2009

Tournez la page, cette bonne grosse putasse de page


J-2

Dans deux jours, j'affronte les amis qui viennent m'aider à porter mes cartons. Je vais devoir faire bonne figure, rire de leurs blagues et faire la fière.
Ils viennent me chercher, me porter, m'aider à fuir. Ils ne se doutent pas que je vais me cacher pour pleurer. Ils me connaissent forte, drôle, cynique. Pour eux, je ne veux pas avoir changer, je veux revenir et être rester moi.

Il y a un peu plus d'un an, j'ai quitté mon job, rendu mon appart et surtout laisser Cacahuète à son père une année, pour construire une vie ailleurs. Je la voulais mieux, sereine.
Je l'ai fait, sûre de mon choix. Et je l'ai regretté parfois, je me suis sentie mauvaise mère milles fois, mais j'ai construit, avec mes petits bras.

J'ai décoré cet appartement d'homme, mis de la couleur sur les murs, des tapis pour lire par terre, des bougies pour que ce soit doux. J'ai trouvé un bon job, acheté une mignonne voiture, préparé l'arrivée de ma Cacahuète. J'ai oublié mes concessions, avec toujours au fond de moi l'impression qu'il n'en ferait jamais autant.
C'était donc sûrement foutu depuis le départ. Inégal.

Puis il a voulu me changer. Il a voulu que j'apprenne l'hypocrisie envers les gens, que je souris même sans en avoir l'envie, que je sois douce et que je cesse de vivre dans l'excès de mes émotions, que j'arrête la démesure de mon instinct. Ça a été dure, j'ai réussi quelquefois, mais avec l'impression de m'être perdue.
C'est devenu violent pour moi d'avoir fait autant, de n'être plus moi, puis il a menti, puis il a trahi, il a trompé, j'ai fait semblant de pardonner, avec la boule au ventre, tous les jours.

Ultime scène, mots cruels, pleurs, coups: clap de fin.

Je me suis rendue malade, j'ai pleuré jours et nuits, je me suis roulée par terre, j'ai supplié, hurlé, menacé, imposé, j'ai perdu pied et du poids, l'éclat de mes yeux et l'envie d'aller plus loin.
Puis j'ai survécut, évidemment on survit à ça. J'ai dû accepter cet échec qui fait bien mal au cul, moi la Bree Van de Kamp, la maniaque de la perfection et du contrôle.

J'en rirais bientôt. J'espère.

J'ai fini les cartons, ces putains de cartons. Et je crois que je suis prête à laisser cette page se tourner, cette putasse de page.

Il pleut dehors. J'ai détesté cette pluie l'hiver dernier. La revoilà.
Alors je pars vers une vie à moi. Peut être pas meilleure que celle-ci, mais au moins à moi.
J'ai hâte.

7 commentaires:

Gossip And The City a dit…

Courage ma belle! Nous ne nous connaissons pas beaucoup, mais suis de tout coeur avec toi.
Pleins de bises puis reviens nous vite, on va te le faire oublier ton charlot!

Bises

Miss Giny a dit…

Poignant et émouvant ce texte.
Moi non plus je ne te connais pas beaucoup mais je te souhaite également beaucoup de courage.
Tu reviens par ici ?

Biz

Sofiah a dit…

Je ne te connais pas, je découvre un fragment de ta vie à travers ce texte, je t'envoie une énorme pensée, que tu trouve en toi le réconfort, la force et le courage d'avancer.

Alix a dit…

Pas mieux. The same for me ou presque... Il y a un an. Good luck. A bientôt peut-être? Bizz. Alix

Alex a dit…

J'ai beaucoup aimée ce texte . Je viens de parcourir un peu ton blog et j'aime beaucoup . so... Longue vie à ce blog !!!

Ps : je fais du 37 mais j'ai remis mes pompes ...:) a bientôt

Anna a dit…

Si tu veux de l'aide pour cartonnage, tournage de page, cuitage, fêtage, tout ça quoi !

Les chroniques d'une blonde a dit…

Les bonnes nouvelles dans cette merde : il sera loin de toi et tu reviens à Paris et ça c'est cool parce qu'on va pouvoir se revoir et bien rigoler comme on l'a fait à Marseille :-)
J'ai d'ailleurs été ravie de rencontrer une nana aussi rayonnante que toi (j'aurai même pas imaginé tout ça avec ton joli minois).
Courage et gros bisous