Illustration bannière: Arthur de Pins.

samedi 4 septembre 2010

Aimer à la vie.

C'est un constat triste, j'allais dire pathétique, même.
Dans chaque vie, il y a un amour contrarié, déçu ou blessé, un amour à la vie, qui resurgit quand on ne l'attend pas, à travers un souvenir, un endroit ou une senteur.

Je me souviens avoir hurler un jour comme si j'étais blessée et en train de mourir. Enfin je pense que c'est le genre de cri qu'on doit pousser dans ces cas là. Un cri inhumain, plein de douleur et de rage, le cri d'une torturée.
Bizarrement j'ai gardé "l'image" de ce cri en moi. Sûrement pour ne pas oublier, et sûrement parce qu'on ne pousse pas deux fois dans une vie un gueulement si animal.

Je passais des jours à dormir et des nuits à réfléchir et à tourner en rond comme une bête en cage, et à ne plus rien faire d'autre que d'attendre.

2, 3, 5, 15, 30, 45, puis 100 jours sans l'entendre, sans réponse. Le vide. Un supplice. Une torture dans laquelle je me complaisais. J'attendais sans m'en rendre compte. Près de 100 jours et surtout 100 nuits à errer dans le souvenir d'une voix et d'une odeur, et d'un coup la voilà, en pleine nuit, là contre mon oreille.
Alors se reprendre dans les tripes foule de souvenirs qu'on a si bien enterré. Enfin pas tant que ça. Puis pleurer, fort, comme un enfant, avec des larmes, beaucoup, et des cris étouffés, et des gémissements de détresse.

Je l'ai senti, le cri qui monte du ventre, le cri qu'on ne va pas gérer du tout, l'immense cri de mon coeur atrophié.
Le cri insupportable qui lessive de ces 100 jours d'égarements à se laisser crever de chagrin.
Le cri qui remet tout à sa place, parce qu'on comprend qu'on a touché le fond.

Il y a des douleurs plus graves, plus tristes. Il y a toujours pire.

Mais c'est le cri qui m'a aussi montré que j'avais encore de la force, que j'allais vivre avec, que j'allais accepter d'être seule et de me laisser hanter. J'allais grandir comme ça.

Pleins, pleins, pleins de jour après, je comprends et j'admire les souvenirs des autres, les histoires de premiers amours et les yeux pleins de regrets que j'ai souvent cru croisé. C'est le regard que je dois avoir parfois.

Maintenant je crie souvent, de bonheur, de peur, de rire.

3 commentaires:

zora a dit…

ca me parle, ton texte... j'ai poussé un cri comme ça aussi, une fois... c'est le genre de chose dont on se souvient :-)

Anonyme a dit…

ouaaa... superbe texte, j'en ai des frissons. Courage !

Anonyme a dit…

magnifique ...