Illustration bannière: Arthur de Pins.

mardi 31 janvier 2012

Quand le chagrin d'amour-propre fait plus mal que chagrin d'amour tout court.

Ce soir, je sais que l'amour-propre peut faire souffrir, plus que le reste, plus que le coeur.

J'ai été abandonnée.
Lâchement, comme on abandonnerait un chien au bord de la route. J'ai besoin de l'écrire pour le matérialiser, tellement c'est du domaine de l'irréel.
Ma vie allait bien, ma vie était normale jusqu'à dimanche soir. Aujourd'hui encore, je vais de placards en placards pour vérifier que c'est bien réel. La nuit, je me réveille toutes les 20 minutes, parce que je ressens la solitude de ce grand lit, parce que je cherche quelqu'un qui n'est plus là, parce qu'il a oublié une chemise dans la machine à laver, et que je lutte de toutes mes forces pour ne pas dormir avec. Il y a encore sa tasse de café dans l'évier, parce qu'il la mettait toujours dans l'évier avant de la mettre dans le lave-vaisselle. A part ces deux choses qui me prouve que je ne suis pas folle, je vis dans l'irrationnel.

J'ai été abandonné.
Je vais vivre avec cette douleur qui me cloue à terre 25, 30 fois par jour. Je me retrouve par terre, à gémir de douleur. Et cette douleur ne me quittera plus jamais. Cette douleur de l'abandon, cette douleur de l'incompréhension, cette douleur des questions sans réponses.

J'ai été abandonné.
Je n'ai pas mal d'amour, même si c'est parfois difficile, même si le manque peut souvent se pointer quand on l'attend le moins, je peux accepter la fin d'une histoire, ça m'est déjà arrivé et ça m'arrivera encore.
J'ai mal d'amour-propre, de respect de moi-même. J'ai mal qu'on me traite si mal et qu'on me laisse m'enliser dans l'incompréhension. J'ai mal qu'il aie été capable de mettre ses vêtements dans un sac, de partir en claquant la porte, sans même me le dire, sans même un mot laissé, sans rien. Le néant. Ma vie est un néant, et je nage dedans.

Je sais maintenant ce qu'on vit quand l'autre meurt brusquement: mon autre à moi à cesser d'exister, d'un seul coup, sans que je ne sois prévenue, sans qu'il ne réponde à aucun de mes appels ni messages. Disparu.
Je sais ce qu'on vit quand on perd quelqu'un, sauf qu'en général, ce quelqu'un ne décide pas de vous infliger cette douleur. Moi, on m'oblige à vivre ça. Ma vie s'est arrêtée, parce que quelqu'un n'a pas jugé utile d'avoir le moindre des respects pour moi.

20 fois par jour, je supplierais pour qu'il revienne, pour que la vie recommence, pour que cette douleur insoutenable cesse.
30 fois par jour, je serais capable de lui infliger les pires supplices, pour me venger de cette cruauté que je ne mérite pas.
Personne ne mérite ça.

La vie vous offre tellement de choses jolies, délicates, tellement de doux moments, tellement de bonheurs. Pourquoi parfois, faut-il que tout soit repris?

14 commentaires:

Lucie a dit…

Tant qu'à y penser en permanence, demande régulièrement s'il mérite que tu souffre encore une minute de + ?
Un jour, tu répondras NON à cette question, et ce sera te respecter.
Ne t'inflige pas une double peine, tu vivais sans lui, tu as vécu avec lui, tu pourras vivre à nouveau sans lui. Va vers ce futur, que tu peux voir soit proche soit lointain en fonction de ta façon de le prendre.
Bon courage, je suis tout coeur avec toi.

Gertrude a dit…

Les hommes sont lâches et ne savent pas expliquer pourquoi car ils se disent que ça passera plus vite s'ils prennent la fuite. Ils ne veulent pas voir le mal qu'ils font alors ils tournent le dos.
Le meilleur conseil qu'on m'ait donné un jour, c'est de continuer sa vie et de lui montrer qu'on y arrive sans lui. Si tu vas pleurer devant lui pour qu'il revienne, quelle image il aura de toi?

Eve.G a dit…

Je ne sais pas quoi dire de plus que Lily qui a de très bons mots.

Mais j'espère qu'il n'arrive plus à se regarder dans la glace (c'est maigre je sais mais je n'arrive même pas à imaginer ce que ça peut faire alors je peux juste compatir..)

Bisous à fond

Bavardages et Medisances a dit…

@ Lily: tes mots sont tellement justes... J'essaye de faire bonne figure la journée, de m'occuper, de me fixer des objectifs, mais la nuit, l'angoisse est plus forte. Pour l'instant.

@ Gertrude: je pense que c'est ça. Il a fui pour ne pas me voir m'écrouler. Sûrement que ça aide à se sentir moins coupable. Sûrement aussi que c'est le signe que ce n'est pas un homme.

@ Eve G. : comme tu le dis, je l'espère aussi. Moi je souffre d'avoir été abandonnée, mais je suis restée fidèle à moi-même et à mes valeurs, à mon éducation, à mon honnêteté. Je peux être fière de ce que je suis. Ce qui n'est pas son cas.

Merci à vous toutes pour votre soutien. C'est précieux de se sentir comprise.

Lucie a dit…

Ma dernière rupture était dure aussi (rien comparé à la tienne), mais comme toi, le soir je n'arrivais pas à ne pas y penser, et ça perturbait mon sommeil. Le truc qui m'a sauvé, c'est de m'abrutir devant la Série "How I met Your mother", en étant allongée dans le noir, dès la fin du repas, jusqu'à ce que je m'endorme. (ça m'a occupée pendant au moins un mois et demi, on gagne du temps) Ça m'empêchait d'y penser, et surtout ça me donnait de l'espoir vu la série, sur le nombre de mecs disponible pour reconstruire nos vies.

Thé Citron a dit…

Tant de lâcheté me dégoûte !

Gaëlle a dit…

Je ne comprends pas comment on peut partager la vie de quelqu'un pendant si longtemps pour finalement disparaître comme ça sans rien dire.
J'ai pas les mots pour t'aider, je ne connais pas ce qu'il t'arrive.
Je pense juste qu'une personne qui ne te respecte pas, ne mérite pas ton respect et que tu souffres autant à cause de lui. Je te souhaite beaucoup de courage

Helléa a dit…

Aw... J'avoue que ça ne m'est jamais arrivé. Partir comme ça, sans rien laisser, sans un adieu. On n'est jamais préparée à ce genre de choses... Surtout quand ça nous tombe sur le coin du nez et qu'on ne s'y attend pas. Bon courage.

Bavardages et Medisances a dit…

@ Lily: oui, il faut que je trouve un truc qui me vide la tête. J'ai déjà vu tout HIMYM, je vais chercher une autre série, pleins d'autres séries. Et pour le moment, je ne dors pas chez moi. Pas la force.

@ Thé Citron: j'alterne entre dégoût, incompréhension, douleur, remise en question.... Je ne sais même pas quoi penser.

@ Gaelle: je ne comprends pas non plus comment on peut faire subir ça à quelqu'un. Je ne comprends pas. Mais comme tu dis, la personne qui fait ça ne mérite pas qu'on souffre pour lui. J'y viendrais.

@ Helléa: merci beaucoup.

Anna a dit…

Ma puce, c'est terrible de lire ton récit, d'essayer quelques secondes d'imaginer la douleur que tu dois ressentir. Je comprends chacun de tes mots et tu as raison de les dire, de les penser. C'est normal après une telle horreur.
Mais tu le dis aussi parfaitement : tu ne mérites pas tout cela, quoi qu'il arrive. Essaie de te marteler ça, pour ne pas détruire ce qu'il te reste.

Gertrude a dit…

Il n'y a que le temps qui arrive à faire passer les choses et ça prend du temps...Pour ma part je me suis vidée la tête dans les bouquins, je lisais jusqu'à 2 livres par semaine, j'ai même lu des bouquins de psycho, de tout pour comprendre ce qui n'allait pas et j'ai compris que je n'avais pas de problème et ni lui d'ailleurs... Ce qui est dur c'est d'accepter une décision qui ne nous appartient pas, de ne plus recevoir l'amour de cette personne qu'on aimait. Bon c'est vrai qu'il n'est pas gentleman pour la façon dont il s'y est pris, c'est lâche, mais en essayant de comprendre pourquoi je dirai qu'il a ses raisons ( ne pas te voir souffrir, peut être, ne pas affronter les choses, ne pas dire des choses qu'il pourrait regretter...) mon ex m'a dit une fois que j'ai réclamé des explications pour la n'ieme fois "je préférais que tu penses que je suis un connard c'était plus simple" plus simple que de me dire qu'il y avait quelqu'un d'autre! C'est le risque des relations que ça finisse mal, et c'est pas la dernière, il n'y a que le soutien des amis, la famille qui arrive à faire passer le morceau et puis un jour tu rencontres quelqu'un d'autre et tu te dis comment j'ai pu pleurer pour un mec comme lui, car celui que tu as devant toi est dix fois mieux...et tu reprends le risque que un jour ça se finisse et que tu sois triste...on se relève toujours crois moi! bon courage.

Bavardages et Medisances a dit…

@ Anna: je sais bien que je ne mérite pas ça. Je ne mérite pas tout ce mépris. Puis tu sais que je ne suis pas une tapette. Mais le choc est si rude...

@ Gertrude: au final, le fait qu'il soit parti le concerne, c'est son droit. Mais c'est la façon de faire que je voudrais comprendre. Pourquoi me faire autant de mal? Pourquoi ne pas me dire d'arrêter de l'appeler parce qu'il ne veut plus entendre parler de moi? Juste ce respect là: celui de le dire.

Gertrude a dit…

oui je comprends ce que tu veux dire, c'est dur de ne pas savoir pourquoi. Et je suis de celles qui préfèrent avoir la vérité même si ça fait mal que de ne rien savoir, mais les mecs ne raisonnent pas comme ça. J'aimerais bien t'aider car j'ai connu ça et j'en ai bavé. Laisse passer un peu de temps et tu pourras peut être avoir ta réponse, laisse lui prendre du recul, ma réponse je l'ai eu un mois après. c'est pas facile de quitter quelqu'un, je ne veux pas lui trouver des excuses, mais il a peut etre besoin de faire le point. Si c'est un mec bien il te donnera une explication quand il sera pret, sinon mets le dans la case des connards. Pour l'instant pense à toi, chouchoute toi.

Anonyme a dit…

Je comprends ce sentiment d'injustice. Il faut être deux pour être ensemble, alors qu'un seul des deux peut y mettre fin et oblige l'autre à subir une décision qu'il n'a pas choisi. Aprés je ne crois pas que la méthode change ce sentiment. Bien que pour ma part, je préfère quand ça tranche dans le vif.
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